Retour aux sources : entre nostalgie et beauté naturelle. Batère – Roc Nègre

Vendredi, avec un mélange d’excitation et de nostalgie, je me suis lancé dans une randonnée qui allait me conduire sur les traces d’un passé révolu, là où la nature et les vestiges de l’homme s’entremêlent harmonieusement. Mon périple commençait à Batère sur les flancs du Canigou, un ancien complexe minier lové au creux des montagnes. Les traces de l’ancienne activité minière m’entouraient, témoignant de la force de la nature qui avait repris ses droits sur ce lieu autrefois empreint du labeur des hommes. Les bâtiments, bien que grandement endommagés, tenaient encore debout. Les galeries de mines, désormais scellées, ajoutaient une touche de mystère à ce paysage minéral.

Arrivé au Coll de la Cirera, je pris la direction du pic de la Galinasse, dans l’espoir d’atteindre le Roc Nègre. J’avais choisi de partir en fin de matinée, craignant que les températures glaciales de la nuit précédente n’aient rendu les sentiers verglacés et dangereux. Mon père, grand amateur de cette randonnée, m’en avait souvent parlé avec passion, évoquant ses aventures solitaires sur cette montagne à la recherche de pierres et de minéraux.

En suivant ses pas, j’ai vite compris l’attrait de cette balade pour mon père. C’était une randonnée sauvage et isolée, où l’on pouvait marcher des heures sans croiser âme qui vive, même en plein été. Pas de sentier balisé ici, juste une trace marquée par le passage des animaux et quelques cairns pour guider les randonneurs solitaires. Malgré ces repères, il était facile de se perdre, de s’égarer, de s’écarter la piste. Je me suis retrouvé à plusieurs reprises à chercher la trace, évoluer en dehors du chemin. La montée était ardue, mais offrait une vue imprenable sur le massif des Albères, la chaine des Corbières, le sommet du Canigou et la plaine des Pyrénées Orientales. Alors que je m’engageais sur les pentes du massif du Canigou, en quête du pic de la Galinasse et du Roc Nègre, je sentais l’écho des souvenirs de mon père, qui avait tant chéri ces chemins solitaires et chargés d’histoire.

Pla des Éugues

La randonnée fut éprouvante, parmi les plus difficiles que j’aie entreprises ces dernières années. Le sentier, raide et technique, exigeait une attention constante. Il fallait sauter de rocher en rocher, traverser des pierriers instables, rester constamment leste sur ses jambes. Malgré ces obstacles, je poursuivis ma marche, guidé par la beauté sauvage du paysage et la mémoire de mon père. Le panorama à couper le souffle qui s’étendait devant moi valait chaque effort déployé. Au sommet du pic de la Galinasse, j’ai pris le temps de contempler la vue, savourant la solitude qui m’entourait, loin du tumulte de la vie moderne.

Cette randonnée fut à la fois exigeante et gratifiante. Mes jambes, fortifiées par mes entraînements à vélo, m’ont soutenue sans faillir. Cependant, l’acclimatation à l’altitude me posa quelques difficultés : habitué à vivre au niveau de la mer, je me retrouvais essoufflé à plus de 2000 mètres d’altitude. Mon corps peinait à s’adapter à ce nouvel environnement, m’obligeant à m’arrêter régulièrement pour reprendre mon souffle.

Malheureusement, je n’ai pas réussi à atteindre le Roc Nègre, j’ai décidé de faire demi-tour. J’aurais du pousser encore une demi-heure, quarante-cinq minutes pour atteindre ce sommet, mais j’ai préféré écouter mon intuition et ne pas risquer un retour pénible et tardif.

Alors que je redescendais prudemment les pentes escarpées, j’ai compris pourquoi mon père aimait tant cette randonnée. Dans cette nature brute et préservée, j’ai ressenti une connexion profonde avec lui et avec la terre qui nous portait. C’est dans ces moments-là que l’on réalise combien la nature est précieuse, et combien il est important de la sauvegarder pour les générations à venir.

Cette sortie fut une expérience unique, ponctuée de paysages magnifiques et d’un retour aux sources dans les pas de mon père. J’ai croisé une seule personne sur le sentier, juste avant de m’engager sur les crêtes où la solitude m’enveloppait, me rappelant combien cet environnement sauvage et préservé était inestimable. En parcourant cet escalier naturel, fait de rocs, de racines et de terre, j’ai ressenti une symbiose avec les éléments, me rappelant que notre place dans ce monde est bien plus petite et éphémère que nous le pensons parfois. Dans ces moments de solitude et de contemplation, je retrouve une paix intérieure et une force nouvelle pour affronter les défis de la vie quotidienne.

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